Généralisation des évaluations nationales : ça suffit ! Respect de notre liberté pédagogique ! communiqué du SNUDI FO et communiqué intersyndical
La ministre démissionnaire a décidé de généraliser la mise en place des évaluations nationales à l’école élémentaire, qui ont lieu dès le mois de septembre en CP, en CE1, en CE2, en CM1 et en CM2. De telles évaluations sont également imposées dans les classes au collège.
Avec les évaluations d’école, la loi Rilhac, l’accompagnement PPCR, les rémunérations individualisées ou « au mérite », la généralisation de ces évaluations nationales s’inscrit bien dans un dispositif plus général de pressions permanentes sur les personnels et d’instauration au sein de l’Ecole publique d’un management digne des entreprises privées.
Le SNUDI-FO ne saurait l’accepter. Jusqu’à quand ce gouvernement démissionnaire et illégitime, battu aux élections législatives, continuera-t-il d’appliquer ses mesures rejetées par les personnels ?
Ce dont a besoin aujourd’hui l’Ecole publique ce n’est pas de la généralisation d’évaluations nationales mais :
• du respect de la liberté pédagogique des enseignants ;
• de l’augmentation immédiate de 10% de la valeur du point d’indice et du rattrapage de la perte du pouvoir d’achat depuis 2000 (28,5%) ;
• des créations de postes nécessaires pour faire baisser les effectifs par classe, créer des postes de remplaçants, d’enseignants spécialisés ;
• de la création du nombre de places dans les établissements sociaux et médico-sociaux pour accueillir tous les élèves qui bénéficient d’une notification en ce sens ;
• de l’instauration d’un statut et d’un vrai salaire pour les AESH ;
• de l’arrêt des contre-réformes qui remettent en cause l’Ecole publique (évaluations d’école, loi Rilhac…)
En outre, le SNUDI-FO rappelle que la mise en œuvre de ces évaluations nationales ne figure pas dans les obligations de service des enseignants.
L’évaluation des élèves fait partie intégrante du statut des professeur des écoles, l’article 2 du décret du 1er août 1990 précisant « ils procèdent à une évaluation permanente du travail des élèves et apportent une aide à leur travail personnel. »
Mais la liberté pédagogique aussi ! Chaque enseignant est donc libre d’évaluer ses élèves de la manière qui lui paraît la plus appropriée !
Le SNUDI-FO réaffirme donc qu’aucun texte règlementaire ne préside à la mise en œuvre de ces dispositifs. Il revendique l’abandon de toutes les évaluations nationales.
En tout état de cause il exige qu’aucune pression ne soit effectuée sur les personnels qui ne les mettraient pas en place, et qu’aucune sanction ne soit prononcée envers les personnels qui refuseraient de les faire passer, dans leur intégralité ou en partie, ou qui ne feraient pas remonter les résultats.
Le SNUDI-FO demande enfin l’arrêt des pressions effectuées dans certains départements pour tenter de contraindre les directeurs d’école de se rendre avec leur véhicule personnel et sur leur temps personnel pour chercher à la DSDEN ou dans les circonscriptions le matériel dédié à ces évaluations nationales.
Pour le SNUDI-FO, les termes de la pétition intersyndicale FSU-SNUipp, SE-Unsa, Snudi-FO, SGEN-CFDT, CGT Educ’Action, Sud éducation, SNALC restent pleinement d’actualité :
• l’abandon des évaluations nationales standardisées obligatoires
• l’arrêt des mécanismes de pression et de contrôle (pilotage des conseils académiques des savoirs fondamentaux CASF, formation imposée, tout-évaluation, contrôles incessants…)
• le respect de la liberté pédagogique : abandon de toute tentative d’imposition de manuels, y compris au travers d’un processus de labellisation.
Montreuil, le 3 septembre 2024
communiqué national intersyndical
Malgré l’instabilité politique qui a pourtant conduit au report de certaines mesures du choc des savoirs (dont la réforme des programmes ou de la labellisation des manuels scolaires), le ministère s’entête en cette rentrée à généraliser les évaluations nationales à l’ensemble des niveaux de la scolarité élémentaire.
Elles sont pourtant loin de faire consensus. Centrées sur les seuls « fondamentaux », elles mettent en avant une conception restrictive et archaïque des apprentissages, fondées sur des présupposés éducatifs en contradiction avec les consensus scientifiques sur la question. Pierre angulaire d’un système global d’évaluation du système éducatif elles promeuvent des pratiques qui renforcent les inégalités d’apprentissages.
La généralisation des évaluations nationales standardisées chaque année de l’école élémentaire prend place au sein du mal nommé « choc des savoirs » et à ce titre participe d’une politique qui conduit à une école plus normative, plus sélective, plus à même d’opérer un tri social, à l’opposé des objectifs d’émancipation et de démocratisation.
Les évaluations dont les enseignant·es ont besoin sont celles qui les aident à comprendre les procédures des élèves pour adapter et réguler les activités pédagogiques. Elles et ils n’ont pas besoin d’évaluations qui installent une logique de tri des élèves, en cohérence avec la mise en place des groupes de niveau au collège auxquels elles participent.
L’école ne peut ni ne doit devenir une institution aux pratiques uniformisées éloignées des besoins des élèves. La liberté pédagogique, qui consiste à concevoir et adapter les enseignements, est une condition nécessaire à la réussite scolaire de tous les élèves.
Plus que des évaluations nationales, l’urgence en cette rentrée aurait été de donner les moyens nécessaires à l’École pour répondre aux conditions dégradées de travail et d’apprentissage.
Pour nos élèves, pour notre métier, pour une école qui doit permettre à tous les élèves de réussir, l’intersyndicale appelle la profession à se réunir en cette rentrée et à discuter collectivement des moyens de s’opposer aux évaluations nationales telles qu’elles sont conçues et imposées par le ministère.
Pour nos élèves, pour nos métiers ensemble réclamons :
— l’abandon des évaluations nationales standardisées obligatoires
— l’arrêt des mécanismes de pression et de contrôle
— le respect de la liberté pédagogique
L’intersyndicale soutiendra les enseignant·es dans les différentes actions qu’elles et ils choisiront, particulièrement face aux pressions qu’elles et ils pourraient subir.
Le 4 septembre 2024.